Qui est un dirigeant ? Servir au BSI

Après avoir trouvé le livre, porté par une vague d’enthousiasme, je décidais d’essayer de le placer dans toutes les bibliothèques publiques de mon État. Il y eut un arrangement avec la Fondation Urantia pour la fourniture et l’expédition des livres. Je repérais et j’appelais tous les bibliothécaires pour obtenir leur aval. Dans l’ensemble nous avons placé près de mille livres dans les bibliothèques du Texas, dont environ un tiers en espagnol. Est-ce cela diriger ? Je ne sais pas, mais je me souviens que cela semblait tout simplement la chose à faire. À peu près à la même époque, j’ai voulu accueillir un groupe d’étude. Il a fonctionné pendant 6 ans, le temps d’une lecture complète. Est-ce cela diriger ? Je n’en suis pas sûr, mais je vois l’utilité de l’expérience d’accueillir un groupe d’étude. J’ai aussi servi pour un mandat ou deux dans chacun des bureaux de mon association locale.

En regardant en arrière dans la vie, tous les projets dans lesquels je me suis impliqué, que ce soit dans ou hors de la communauté du LU, tous les échecs et tous les succès, rien ne pouvait m’avoir préparé aux quatre ans de 2003 à 2007, passés au Bureau de service international (BSI) de l’AUI. À cette époque, on nous connaissait comme étant l’AUI. Cathy Jones, Seppo Kanerva et beaucoup d’autres mettaient au point notre Charte et cherchaient des membres pour remplir les fonctions du Bureau de direction.

Cathy me demanda si j’accepterais d’être nommé « président de la propagation». Mon travail consisterait à contacter les gens intéressés par l’AUI, à s’occuper de ceux que nous envoyait la Fondation et à fournir des renseignements sur les problèmes de votes qui arrivaient au Bureau. Il y avait longtemps que j’avais appris que l’un des choix cruciaux à faire dans la vie était de choisir le bon type de travail. Donc, j’y ai pensé et j’ai vérifié auprès de mes guides intérieurs qui reconnaissent la bonne façon de faire lorsque les choses sont trop complexes pour ma propre déduction. J’ai choisi d’accepter ce service, bien que je fus incertain quant à mon adéquation.

Bien que je n’aie pas pu assister à la première rencontre du BSI, il y eut une liaison téléphonique. Mon rôle dans la propagation était assez bien compris d’entrée de jeu, donc, j’ai surtout écouté les autres discuter des débuts de stratégies en vue d’atteindre les buts de l’AUI. J’ai reçu des conseils de certains et proposé mon aide ici ou là, de mon mieux.

Lors de la deuxième réunion j’étais présent à cette grande vieille table à l’avant du deuxième étage du 533 Diversey à Chicago, quand on m’informa qu’il y avait encore des changements en cours quant à la structure du Bureau. On me dit que le Comité de la propagation avait été supprimé et remplacé par un nouveau comité, celui de la DISSÉMINATION !

Quoi! J’étais embauché pour accueillir les autres et me voilà président du comité qui a le travail le plus important de la planète ! Je fus d’abord stupéfait, puis la peur me saisit. J’avais fait bien des sortes de travaux, mais jamais un travail de bureau administratif ni géré des comités de volontaires ou des projets de dissémination d’une révélation « rédigée » par des êtres célestes, d’une portée d’époque et pour toute une planète ! Personne ne l’avait fait !!!

Mais la plupart des autres membres du Bureau avaient une longue expérience dans l’administration, et la plupart avaient servi dans le domaine de l’éducation et/ou avaient dirigé d’autres bureaux. Dans quoi m’étais-je fourré ? J’étais à peine sorti du lycée, j’étais réparateur et n’avais presque pas d’expérience en matière administrative. C’était une chose entièrement différente pour laquelle je n’étais pas équipé ! Ou bien l’étais-je ?

J’ai finalement décidé de faire mes quatre ans, quelle que soit la tâche du comité auquel on m’avait affecté. Je pensais qu’au pire je ferais défaut à la planète et aux révélateurs, je ferais bien de mettre le paquet. De plus, j’appréciais et respectais les membres du Bureau. Ils vous soutenaient et étaient prévenants, mais jamais indulgents, en compétition ou insincères. Après cette décision je commençais à me sentir comme embarqué pour un grand voyage et que personne n’avait jamais navigué dans ces eaux-là auparavant.

Ne sachant pas exactement que faire, je commençais à piocher tout autour pour trouver des idées. Un des premiers endroits où j’ai cherché c’est la première ligne de notre Charte, la déclaration de mission de l’AUI. Elle s’adressait directement à mon comité.

“Encourager l’étude du Livre d’Urantia et disséminer ses enseignements”

Réfléchir à cette déclaration fut suivi de beaucoup de recherches qui se transformèrent en un plan multicouches, – un plan exigé de chaque président par le Bureau – comme point de départ de ce travail long sans précédent. Il se pourrait que l’AUI ne puisse pas remplir sa mission en des centaines d’années, mais cela importait peu. Le voyage doit commencer par un premier pas, avec un peu de chance, dans la bonne direction. Le fait était que nous étions tous des amateurs pour répandre ce livre d’une révélation d’époque venue tout droit d’Uversa. Savoir que nous travaillerions de concert avec la Fondation Urantia nous aidait beaucoup.

J’ai commencé à rassembler et à trier toutes les idées sur la dissémination et à créer un plan d’environ une dizaine de pages. Il fut présenté au Bureau au complet lors d’une réunion qui suivit. J’étais si nerveux que ça se voyait clairement ; je me sentais impropre à cette tâche de présentation et comme une jeune pousse parmi des arbres géants. Je ressentais un manque douloureux d’humilité et d’expérience, mais je poursuivis ma présentation de chaque partie du plan, expliquant le raisonnement sous-tendant chaque partie. Ce plan couvrait tout, depuis semer le livre mondialement, jusqu’au placement dans les prisons et le recyclage des vieux livres et la création de brochures, avec une demi-douzaine d’autres projets au milieu. Je pensais que c’était un début exhaustif du rôle du Comité de la dissémination dans ce gigantesque projet durable. Après que toutes les objections et critiques se soient fait entendre, le Bureau approuva les plans pour le Comité de la dissémination et je me détendis un peu.

Ensuite, j’envoyais des invitations à l’aide. Je parlais à de nombreux lecteurs de divers projets, tout en observant ce qui se disait dans la communauté urantienne concernant la dissémination. Mais il manquait quelque chose d’essentiel. C’est alors que je me suis souvenu de ces lignes (du fascicule 19) qui parlaient de ne pas saisir une situation quelconque si l’on ne comprenait pas d’abord « son origine, son histoire et sa destinée ». Le meilleur endroit pour trouver des réponses sur la dissémination c’est le livre !

Le disséminateur originel c’est bien sûr le Fils Éternel, le « Dieu-Verbe ». On nous raconte l’histoire selon laquelle le Verbe s’est étendu depuis le Paradis, aussi loin que Salvington sous la forme de Micaël et de la divine ministre. Pour l’histoire j’ai regardé les quatre premières révélations d’époque reconnues par Salvington. Tout compte fait, chaque époque semblait employer la même méthode des émissaires éclairés : Amener à soi des étudiants dispos, les enseigner et les relâcher. Manifestement, la destinée cosmique de la dissémination est l’Être Suprême, du moins dans cet âge.

Tout commença à se mettre en place après avoir considéré l’origine, l’histoire et la destinée. Mais il y eut un débat parmi les membres du BSI sur la signification de ce qui était au cœur de la déclaration de notre mission. Mon comité était-il supposé ne disséminer que les enseignements ? Ou simplement le texte ? Je me suis rendu compte qu’il fallait que ce soit les deux. Et c’était la réponse à la plupart des questions persistantes sur la bonne direction à prendre pour le Comité de la dissémination. Était-ce le leadership ? Ou simplement de nombreuses décisions suivies par des activités ? Le leadership n’est-il qu’un autre mot pour dire service ?

Ensuite j’ai publié un essai en deux parties dans le Journal de l’AUI, relatif aux plans et projets du Comité de la dissémination. Je me sentais plus certain et plus capable au fur et à mesure que les choses avançaient et que la pensée, le conseil et l’expérience s’unissaient. Chaque jour, je passais quelques heures à traiter des communications, à développer le grand plan, à prendre des décisions concernant la liste croissante des détails qui s’agglutinaient autour des projets et des activités du Comité de la dissémination. Étant en semi-retraite, je disposais d’une demi-journée pour ce travail volontaire et d’une demi-journée pour le travail rémunéré, pour m’occuper de mon foyer et de mes responsabilités familiales. Mais tous les volontaires ne disposent pas d’autant de temps, surtout les parents. C’est une question que doivent considérer tous les volontaires : de combien de temps au juste est-ce que je dispose ?

Jour après jour, les autres membres du Bureau aidaient au développement des divers sous-comités du Comité de la dissémination, à la politique, aux moyens d’obtenir des fonds, selon les nécessités du moment. Le Comité de la dissémination avait hérité du défunt Comité de la propagation le travail de s’occuper des personnes qui nous étaient adressées. J’essayais de déléguer autant que possible pour me libérer du temps pour d’autres projets. La délégation marchait bien quand je choisissais et formais les bonnes personnes. Et il y en a, à ma grande surprise. Mais elles ne se présentent pas toujours quand, où et de la manière dont vous l’espérez.

Un vieil axiome dit que « les bons dirigeants sont de bons suiveurs ». Il m’a fallu un temps pour apprendre que lorsque vous travaillez avec une équipe d’une certaine dimension, il vaut mieux ne pas faire un mouvement avant d’en avoir informé les autres. Néanmoins, les choses se sont harmonisées et clarifiées au fur et à mesure que je prenais conscience du but, de la portée et du potentiel de ce comité.

Les quatre ans ont vite passé. Le BSI se réunissait tous les quelques mois, ici et là sur la planète, quelques fois par téléphone, souvent lors d’une conférence de lecteurs. J’ai beaucoup appris, beaucoup, et j’ai élaboré différentes visions de la dissémination. Néanmoins, il fallait que mes idées et mes plans coïncident, soient en corrélation et s’entremêlent avec ceux des autres membres de comités tout aussi importants, du BSI. Tout n’a pas fonctionné. En fait, certains plans ont simplement été abandonnés ou adaptés pour se conformer aux besoins réels ou à la rude pratique. D’autres idées sont apparues au cours de mon mandat, des idées importantes pour des projets non pris en considération antérieurement.

Un des aspects les plus inattendus et les plus gratifiants du travail de président du Comité de la dissémination fut un sentiment. Je ne sais pas exactement d’où cela vient et je ne peux pas bien l’expliquer, mais on aurait dit que nous avions le vent en poupe et que mon point de vue s’était grandement élargi. L’importance et la priorité des choses changeaient constamment, mais les bonnes réponses aux décisions venaient plus facilement au fur et à mesure que les choses évoluaient. Il semblait que les bonnes personnes et les bonnes idées s’accordaient. Tout ce que j’avais à faire était de faire très attention à chaque décision et de ne pas prendre les choses (particulièrement moi-même) trop au sérieux.

Le caractère qui m’attirait le plus dans Le Livre d’Urantia était David Zébédée. Il voyait quelque chose à faire et il le faisait. Mais il y a tant de façons de diriger. Ce n’est pas tout le monde qui veut planter des tentes et expédier des coureurs. Ni être membre d’un bureau et surveiller des projets. À mon grand étonnement, il est très typique de voir que des lecteurs ont des idées bien définies et formées sur la meilleure manière de disséminer le livre ou ses enseignements, si ce n’est les deux.

La plupart des lecteurs, tôt ou tard, se saisissent d’un thème du Livre d’Urantia et créent quelque chose – une œuvre d’art, un poème, une chanson ou quelque forme de littérature. Mais un autre lecteur peut collecter des boites de conserve en aluminium qu’il vendra et avec cet argent il achètera et placera des livres à 10 dollars dans des bibliothèques. Certains lecteurs servent, et servent bien, en vivant simplement les enseignements. Je suis convaincu que tous les lecteurs sont des dirigeants, même s’ils ne s’estiment pas tels.

Je pense que quiconque croit à ce livre devient automatiquement une sorte de dirigeant. En plusieurs endroits du livre, il y a une phrase sur les ascendeurs qui sont à la fois étudiants et enseignants, et ce jusqu’au Paradis et au-delà. Enseigner aux autres c’est diriger, mais bien sûr il y a un art de faire et je suis encore un novice. Mais enfin, en réfléchissant sur ces quatre années, j’y ai pris beaucoup de plaisir et je sens que j’ai été récompensé au décuple pour ce que j’ai donné, parce que le service est sa propre récompense, même un service imparfait.

À la retraite complète maintenant et ne servant plus au BSI, je passe encore près de la moitié de ma journée sur des projets relatifs à la dissémination. Non pas que je sois lié par le devoir, ou que je veuille faire du bien mais parce qu’il est amusant de faire partie de ceux qui, même à petite échelle, répandent la parole du Père mise à jour sur ce monde qui a doublement failli et qui a soif de vérité. C’est une chance unique et brève que celle de servir sur un monde évolutionnaire, un chance que nous n’aurons jamais plus.

Personne n’a besoin de titre pour diriger, parce que diriger n’est qu’agir en accord avec sa créativité intérieure et avec ses besoins extérieurs. En fait les titres abondent quand on dirige. Alors, s’il vous plait, servez mes frères agondontaires. Que vous vous voyez vous-même ou non comme un dirigeant, vous vous souviendrez de ce service un jour et vous sourirez. Diriger peut être considéré comme une façon de se divertir cosmiquement, bien que ce soit parfois un dé! J’essaie de ne pas avoir peur et d’être sage, j’essaie toujours d’être à l’écoute de ce triple ministère sans défaut et unifié qui se poursuit en moi, et pourtant je me rends compte que je ferai encore des erreurs et que j’aurai des manques. Essayez. C’est mon conseil à tous ceux qui se demandent : si, comment, où et quand diriger ? Mais le meilleur conseiller est à l’intérieur.