Ministère en prisons Belges

Tout a commencé il y a à peine un an. L’école dans laquelle j’enseigne l’anglais et la gestion du stress a été sollicitée par une prison de la région dans l’objectif d’élargir leurs propositions de formations aux détenus, hommes désireux d’étendre leurs connaissances et leurs pratiques dans des domaines diversifiés et d’augmenter ainsi leurs chances de réinsertion sociale et professionnelle dès leur sortie.

J’ai accepté le défi, car c’était bien de cela qu’il s’agissait dans un premier temps, convaincue que Dieu m’offrait une opportunité particulière de servir encore plus. La nouvelle étant arrivée quelques semaines avant le début de mes activités d’enseignement, j’ai beaucoup prié : « Que participent aux cours des êtres assoiffés de Dieu », « Puis-je être un instrument de Paix et un canal d’Amour par lequel Dieu se manifeste et se manifestera ».

Les jours précédents le début de cette activité, j’ai été envahie d’émotions multiples dont la peur de l’enfermement et le doute de ma capacité à voir les prisonniers comme fils de Dieu.

Être consciente que la personne n’est pas son comportement et que chacun est habité par un fragment divin qui est l’individualisation de l’Amour du Père pour ses créatures m’a été d’un grand secours.

Le 6 mars 2017, l’expérience commence. Je rentre dans ce lieu dénué de chaleur humaine, d’harmonie, de réconfort, de douceur, de joie, de tolérance, d’Amour.  Cet endroit est le concentré manifeste de l’échec de toute une société qui néglige les valeurs fondamentales liées à la famille et à l’éducation.

Je réalise immédiatement la Volonté de Dieu d’y être avec moi, par moi et en moi pour servir humblement mes semblables. La peur se dissout instantanément laissant place à l’accueil, sans barrières, de ces hommes entre 20 et 45 ans, désireux d’évolution.

Très rapidement le cours de 40 heures de gestion du stress devient le terrain d’apprentissage de la connaissance et conscience de soi sur un plan humain favorisant et augmentant les valeurs morales indispensables à acquérir et développer pour que naisse l’homme morontiel. Régulièrement, je leur répète : « Les portes de la prison sont fermées, cependant vous pouvez ouvrir les portes de votre conscience et en observer les effets ». Je leur dis que je prie pour eux et que d’autres m’accompagnent : les membres du groupe de Dakar, les membres du cercle de conscience que j’anime depuis 15 ans et Guy Perron. Ils acceptent tous avec beaucoup d’enthousiasme, surpris de tout ce monde qui se dévoue à eux en prières, eux qui ne se sentent plus dignes d’aucune considération!

Le cours de gestion du stress prend, en moins de trois rencontres, une tournure à laquelle je ne m’attendais pas aussi vite : Dieu est au centre de nos partages. Musulmans, protestants et catholiques sont d’accord : Dieu vit bel et bien en eux et ils veulent le connaître.

Le 14 juin, une étape supplémentaire est franchie. Les personnes participant au cercle de conscience-confiance et du travail s’appuyant sur les incomparables enseignements du Livre d’Urantia m’accompagnent en prison. Cette rencontre bouleverse tout le monde. Les intervenants extérieurs vivent la dissolution immédiate de leurs préjugés par rapport aux détenus. Ceux-ci réalisent à quel point ils existent dans la pensée et le cœur d’étrangers et qu’avec Dieu, en Dieu et par Dieu nous sommes tous, frères et sœurs dans l’esprit. La session de deux et demi se vit dans une atmosphère de joie, de paix, d’harmonie, de respect mutuel, de convivialité au point où nous en oublions que nous sommes dans ce lieu appelé prison.

Depuis cette date, la directrice de la prison m’a donné l’autorisation de maintenir le cercle de conscience-confiance les dimanches matin et d’être accompagnée par toute personne désireuse d’y participer. Depuis fin octobre, Guy est avec nous et rehausse, par son expérience, la qualité des échanges. Nos frères sénégalais ont partagé des prières écrites qui ont fortement ému nos frères en prison. Une fraternité s’est créée et évolue.

Agnès Lazar,
Belgique
lazaragnescarla at gmail-dot-com