Le service, expression de l’amour

La recherche de Dieu et le service de la confraternité spirituelle du royaume des Cieux sont des concepts qui vont de pairs. Le service est, en effet, le fruit de la relation entre Dieu et ses enfants. L’amour reçu du Père Céleste nous mène tôt ou tard vers le service de nos frères et sœurs. Cet aspect de la 5e révélation est si important qu’il vaut la peine qu’on s’y arrête pour réfléchir sur sa nature et sa fonction dans l’univers. Dans un premier temps, nous nous pencherons sur la définition et la fonction du service, dans un deuxième temps nous verrons que le service est, avant tout, une question d’attitude. Dans un troisième temps, je vous parlerai de notre plus beau modèle, notre plus grande inspiration à servir et dans un quatrième temps, nous réfléchirons sur la vision qu’a notre société moderne du service.

La nature du service

Comment exprime-t-on l’amour que l’on porte à notre prochain? Le simple fait de dire « je t’aime » ne suffit pas. L’amour est une prédisposition bienveillante à l’endroit de nos frères et sœurs, et celle-ci s’exprime dans les gestes et les actions de la vie courante. Être à l’écoute des besoins physiques et spirituels de notre entourage, partager notre vie intérieure avec nos frères et sœurs, les soutenir dans leurs multiples tâches et la résolution de leurs problèmes au quotidien sont différentes façons de servir et incarner l’amour que l’on porte à notre prochain. Il en va de même avec Dieu; si on aime réellement notre créateur et Père, nous nous mettrons au service de son royaume spirituel et nous voudrons nécessairement participer à son plan divin qui consiste à croître et exprimer de plus en plus les valeurs divines dans notre vie. Le service est donc l’expression de l’amour que nous portons à Dieu ainsi qu’à la confraternité humaine et spirituelle. Dans un de ses discours, Jésus a mis l’accent sur 5 caractéristiques du royaume des cieux; l’une d’elles se rapportait au service :

… la satisfaction suprême de service expression de l’amour de l’homme [Fascicule 170:4.4, page 1863:10]

Dans son discours sur la famille terrestre, Jésus expliqua a ses apôtres que:

le second commandement d’amour mutuel entre les enfants – tu aimeras ton frère comme toi-même – se manifeste invariablement par un service social désintéressé et plein d’amour  [Fascicule 142:7, page 1603:5]

La fonction du service

Quelle est la fonction du service dans le régime d’éducation de l’univers? En  plus d’être l’expression de l’amour que l’on porte à Dieu et aux hommes, il nous offre un terrain de jeux sur lequel nous pouvons acquérir de l’expérience et nous développer. Il jouera ce rôle pour toute la durée de notre ascension et même au Paradis :

L’étude et l’instruction ne sont pas les occupations exclusives des arrivants au Paradis; le service joue aussi son rôle essentiel dans les expériences d’éducation préfinalitaires du Paradis.  [Fascicule 27:2.2, page 300:2] 

Mais de quelle façon le service permet-il notre croissance? Il nous permet de croître par la résolution des défis qu’il engendre. En nous mettant au service de Dieu et de la confraternité humaine, nous pouvons être sûrs de rencontrer de multiples problèmes à résoudre. Ceux-ci nous offrent les opportunités nécessaires pour :

développer le contrôle de nos émotions : par exemple, devoir s’adapter à des idées opposées provoque parfois une remise en question salutaire, mais peut aussi générer un certain stress qu’il faut apprendre à contrôler. Côtoyer des gens qui pensent et agissent de manière différente oblige à une certaine adaptation. Cela peut créer des tensions émotives qu’il faut apprendre à résoudre.

développer notre mental : dans les projets de service que nous choisissons, il faut parfois acquérir de nouvelles connaissances, ce qui amène un élargissement de nos compétences et habiletés. Il faut aussi organiser et structurer notre service pour qu’il soit efficace. Il peut s’agir de l’analyse des compétences que nous possédons déjà et que l’on veut mettre au service des autres ou de celles que n’avons pas encore et que nous désirons acquérir pour mieux servir. Il peut s’agir aussi de la manière dont nous gérons notre temps. Par exemple, combien d’heures puis-je consacrer au service de la 5e révélation? De quelle manière vais-je concilier les nécessités de la vie courante et les besoins du service dans lequel je m’engage?

développer notre âme : cette partie de nous qui cherche à être meilleure, à s’élever; cette pulsion à faire mieux, ce quelque chose qui cherche à se rapprocher de Dieu en tentant de lui ressembler. Le service, par l’expérience qu’il nous fait acquérir, fait croître notre âme; il est l’exercice dont elle a besoin pour grandir.

développer notre collaboration avec l’esprit : dans la mesure où nous nous mettons au service de la confraternité spirituelle, nous accomplissons la volonté du Père céleste; le service, en effet, nous permet de lui ressembler de plus en plus, car il est le don généreux de nous-mêmes aux autres. Le Père ne se donne-t-il pas lui-même sans limites, à toute sa création?

Ainsi, le service requiert l’implication de toutes les dimensions de notre être : mental, âme et esprit. Qu’en est-il de notre corps? Sans lui, il serait bien difficile d’accomplir tout cela ici-bas. Le service est l’expression de l’amour, car il nous permet de nous donner corps et âme. L’amour, le véritable amour est le don total de soi à Dieu et aux autres.

Le service au quotidien

 À quoi les êtres célestes qui peuplent les univers occupent-ils leur temps? Je dirais que leur principale activité c’est le service, l’équivalent de notre travail quotidien sur Urantia. Nous avons vu plus haut, que le régime d’éducation du Paradis incorpore le service comme partie de notre apprentissage. Nous pouvons lire aussi, à propos de la vie sur les sphères de Jérusem, siège de notre système local :

Les activités de ce monde comportent trois variétés distinctes : le travail, le progrès et le jeu, autrement dit le service, l’étude et la détente. [Fascicule 46:5.29, page 526:4]

Bien que l’on parle ici des activités du Paradis et de Jérusem, il est plausible de penser que le reste de notre éternité sera occupé, entre autres, à ces trois types d’activités. Le service est une partie essentielle de la gestion de l’univers. Mais pourquoi parler de service plutôt que de travail. Le travail, vu par notre société moderne, est avant tout un moyen nous permettant d’assurer notre survie physique. Le service, quant à lui, pourrait être défini comme un style de vie, une façon d’accomplir notre travail quotidien. Il dénote une préoccupation face aux gens qui nous entourent et face aux milieux dans lesquels nous travaillons. Le service nous demande d’exécuter les tâches qui nous sont dévolues au profit de la communauté. Lorsqu’on accomplit notre travail dans le seul but d’obtenir un salaire ou une promotion, nos motivations sont exclusivement tournées vers l’assouvissement d’un besoin personnel; notre regard, orienté vers nous-mêmes, nous empêche de comprendre les vrais besoins de notre entourage et d’y répondre. En accomplissant notre travail dans le but premier d’aider, celui-ci devient service puisqu’il est orienté vers les besoins d’autrui. Entendez-moi bien, il n’est pas question de condamner ceux qui ont pour but la poursuite d’une carrière professionnelle; il n’y a aucune contradiction entre la poursuite d’une carrière et le service. Il s’agit plutôt de changer les motivations attachées à l’exécution de notre travail quotidien en lui donnant une dimension altruiste. Jésus parle de cette dimension quotidienne du service lorsqu’il s’adresse à la tenancière d’une auberge grecque, dans laquelle il s’était arrêté lors de son retour de Rome avec ses deux amis indiens :

… offre ton hospitalité comme une personne qui reçoit les enfants du Très Haut. Élève la corvée de ton travail quotidien au niveau élevé d’un art par la conscience croissante que tu sers Dieu en servant les personnes que Dieu habite par son esprit venu vivre dans le cœur des hommes. Cherche ainsi à transformer leur mental et à conduire leur âme à la connaissance du Père Paradisiaque qui a octroyé tous ces dons d’esprit divin.  [Fascicule 133:4.8, page 1475:1] 

L’esprit du service, en plus d’ennoblir nos tâches quotidiennes, nous permet de découvrir et comprendre les besoins réels des gens qui nous entourent ou des organismes pour lesquels nous œuvrons; cela nous rend plus efficaces dans l’exécution de nos multiples activités. Ainsi, l’esprit du service plutôt que le simple assouvissement de nos besoins individuels peut devenir le moteur de notre croissance.

Nous trouvons, en Jésus de Nazareth, un brillant exemple de service. Il fit preuve d’un dévouement exemplaire lorsque son père terrestre fut tué lors d’un accident sur un des chantiers de construction pour lequel il travaillait. À 15 ans, la gestion familiale est retombée sur ses épaules. Son dévouement à l’égard de ses frères et sœurs était touchant; il fut un frère et un vrai père pour eux. Pensons aussi à sa relation avec Ganid, le jeune Indien dont il était le précepteur. Pendant 2 ans, il instruisit patiemment ce garçon avide de vérité. Lorsque ce dernier tomba gravement malade, durant l’un de leurs multiples voyages, Jésus en prit soin avec beaucoup de tendresse et de sagesse.

L’esprit du service peut s’appliquer à bien d’autres activités de notre vie. Il peut s’agir de l’innovation c’est-à-dire, la création ou l’amélioration d’outils ou de techniques visant le rehaussement de la qualité de la vie de notre entourage. Par exemple, Jésus, en raison de la connaissance qu’il avait de l’ébénisterie, a amélioré les techniques de construction de bateaux de son époque rendant la navigation à voile plus sécurisée. Au bout de cinq ans, la majorité des bateaux de Capharnaüm étaient construits selon ce modèle supérieur.

il créa un nouveau type de bateau et mit sur pied des méthodes entièrement nouvelles pour en construire. Par une technique supérieure et une grande amélioration dans les procédés pour étuver les planches, Jésus et Zébédée commencèrent à construire des bateaux d’un type très supérieur, qui offraient beaucoup plus de sécurité que les anciens pour la navigation à voile sur le lac. [Fascicule 129:1.3, page 1419:6]

Il existe beaucoup d’exemples d’individus ayant mis leurs capacités au service de l’humanité. Pensons à ceux qui ont inventé l’ordinateur et qui ont facilité la vie d’une multitude d’êtres humains.

Il peut s’agir du service philanthropique – l’aide humanitaire — comme ces bénévoles qui, par compassion, sont allés secourir les sinistrés du tremblement de terre qui s’est produit à Haïti en 2010. Il peut s’agir aussi de bénévolat pour des organismes soutenant les causes sociales comme les soupes populaires. Pensons également à Jésus qui prenait le temps d’aider ses compatriotes alors qu’il allait son chemin. Il faisait tout simplement du bien en passant. Ce type de service est fait sans aucune rétribution, et cela représente une difficulté de plus dans son exécution, un don de soi plus grand.

Il peut s’agir du service le plus élevé qui soit, celui de l’expansion du règne de Dieu sur Urantia. C’est de loin le plus important de tous les types de service. S’impliquer dans le plan divin consistant à faire connaître notre Père céleste à ceux qui le cherchent par le partage de nos points de vue sur la spiritualité, vivre une vie inspirante et exprimer librement notre passion pour Dieu, devrait être nos premières préoccupations. Dans notre société majoritairement matérialiste, cela représente un réel défi.

Le service n’est pas défini exclusivement par le désintéressement. Il est normal de recevoir un salaire pour notre travail quotidien. Les factures ne se paient pas toutes seules! Dans le même ordre d’idée, ce n’est pas parce que nous faisons du bénévolat que nous sommes automatiquement dans l’esprit du service. On peut donner du temps dans le seul et unique but de rencontrer des gens et se désennuyer; on peut faire du bénévolat pour enrichir un curriculum vitae. Dans ces deux derniers cas, la motivation première de ces activités est exclusivement tournée vers soi.

Que le service s’exprime à travers notre travail quotidien, dans la création d’innovations, dans le bénévolat ou au niveau de l’expansion du règne de Dieu, il est toujours et avant tout une question d’attitude, une façon de vivre, une manière élevée d’accomplir nos tâches pour le bien de notre communauté, de notre monde, de notre univers. Que se passerait-il dans notre société si l’esprit du service contaminait l’âme des croyants, si cet esprit imprégnait toutes nos activités quotidiennes? Notre monde a grandement besoin d’être inspiré par ceux qui oseront servir leur semblable tout comme notre Maître Micaël l’a si bien démontré par son service désintéressé à toute l’humanité.

Quiconque veut devenir grand dans le royaume de mon Père, doit d’abord devenir le serviteur de tous. [Fascicule 137:8.11, page 1536:8]

 Dieu au service de sa création

 Nous venons de voir comment le service s’intègre à notre vie quotidienne. J’aimerais maintenant que nous tournions notre regard vers le plus beau modèle qui puisse exister, celui qui devrait être notre première inspiration.

 Bien que cette idée puisse paraître étrange pour certains, j’affirme que Dieu le Père est au service de sa création. Le livre d’Urantia mentionne cette idée à plusieurs reprises et de différentes façons :

L’ajusteur triomphant a-t-il gagné la personnalité par son magnifique service à l’humanité, ou le vaillant humain a-t-il acquis l’immortalité par ses efforts sincères pour devenir semblable à l’ajusteur?…  [Fascicule 112:7.9, page 1238:4]

Dieu est amour, le Fils est miséricorde, l’Esprit est ministère. L’Esprit est la personnification de l’amour du Père et de la miséricorde du Fils; en lui, ils sont éternellement unis pour le service universel.  [Fascicule 8:4.2, page 94:4]

… de véritables parents s’engagent avec continuité dans un ministère de service que l’enfant avisé finit par reconnaître et par apprécier. [Fascicule 84:7.26, page 941:7]

L’ajusteur de pensée est entièrement soumis à notre libre arbitre pour tout ce qui concerne notre vie individuelle. Il respecte notre rythme, il n’exerce aucune forme de coercition. Lorsque nous nous rebutons, il attend patiemment que les circonstances de la vie, les conséquences de nos décisions, nous obligent à réfléchir, prendre des décisions et agir. Il est toujours présent lorsque nous décidons de nous tourner vers lui, il est toujours prêt à travailler avec nous lorsque nous faisons les efforts nécessaires pour avancer. Il est toujours là, à portée d’âme, lorsque nous avons besoin de lui. Il est d’un amour sans limites et d’une patience à toute épreuve. Sa disponibilité est ce qui me fait croire que notre Père céleste est au service de chacun d’entre nous.

Un autre exemple nous est donné par Michael de Nébadon incarné dans la forme de Jésus de Nazareth, lorsqu’au dernier souper, il s’agenouilla pour laver les pieds de ses disciples avant de passer à table. En cette occasion, il nous donna cette image frappante, celle du Dieu de notre univers accroupi dans la position du serviteur. Il n’y a pas de leçons plus judicieuse, plus audacieuse sur l’humilité et sur l’attitude que nous devrions avoir les uns envers les autres. En posant ce geste, Jésus écarte tous les doutes que nous pourrions avoir sur l’importance et la nécessité du service dans notre ascension vers notre Père céleste.  Il ne s’agit pas de devenir l’esclave de ceux qui nous entourent, ou de se laisser exploiter par des gens malhonnêtes, mais plutôt de faire le choix de se mettre à la disposition de ceux qui ont besoin de notre aide. Rappelons-nous, encore une fois, cette phrase extraite du sermon de Jésus sur le Royaume à la synagogue de Capharnaüm au début de sa carrière publique :

… quiconque veut devenir grand dans le royaume de mon Père doit d’abord devenir le serviteur de tous. [Fascicule 137:8.11, page 1536:8]

Dieu le Père est grand, car il est au service de sa création. Bien sûr, le service qu’il rend à ses créatures est conforme à sa nature. Il est le créateur et le soutien des univers. Il servira donc en ces capacités. Il en va de même du Fils éternel et de l’Esprit infini :

Dans l’administration des univers, le Père, le Fils et l’Esprit sont parfaitement et éternellement interassociés. Bien que chacun d’eux soit engagé dans un ministère personnel auprès de toute la création, ils sont tous trois divinement et absolument solidaires dans le service de création et de contrôle qui les rend à jamais, un. [Fascicule 8:6.6, page 96:8]

Le travail des personnalités célestes, c’est le service de la grande famille de Dieu. Dans le royaume des cieux, il n’y a pas de place pour l’oisiveté. Dieu lui-même est un travailleur infatigable. Le service de création, de soutien et de contrôle de ce vaste univers, avec ses myriades de créatures, en est la preuve indéniable. Le Père céleste est au service de sa création et si nous voulons lui ressembler, nous devons nous aussi nous mettre au service les uns des autres, nous rendre disponibles à nos frères et sœurs. Ainsi, nous pourrons répondre à son commandement : « Soyez parfait comme moi-même je suis parfait ».

  • La société moderne et sa vision faussée du service

Je crois que notre vision du service est affectée par les conceptions des religions modernes et le comportement franchement matérialiste de notre société. Dans notre analyse, il faut tenir compte de la vision judéo-chrétienne que l’église institutionnalisée nous a léguée. Nous avons été éduqués avec l’idée que le Père céleste est un roi siégeant sur un trône, lançant ses ordres à travers l’univers à des myriades de créatures célestes se prosternant devant lui. Le Père est effectivement le dirigeant du grand univers, mais en faisant une telle comparaison, certains commettent l’erreur d’associer son comportement à celui des rois humains qui se sont succédé sur Urantia. Or, ces derniers ne s’abaissent pas à servir, ils ont plutôt une armée de personnes à leur service. Jésus a présenté son Père en utilisant l’image d’un Roi régnant sur un royaume spirituel, car la religion juive, à cette époque, souhaitait ardemment un Dieu qui siégerait sur le trône de David. Bien qu’il ait tenté d’éviter toute association avec le concept de royauté, il était trop difficile, pour les gens de son temps, de se défaire de ces idées; la révélation doit toujours se plier aux nécessités et aux besoins de l’époque qu’elle cherche à éclairer.Nous venons d’avancer l’idée que notre Père céleste soit au service de l’âme humaine notamment par la présence des ajusteurs de pensée. Cette idée pourrait être difficile à accepter pour certains.  Les idéologies qui ont cours présentement dans notre société expliquent, en partie, ces difficultés.

 Le grand effort incorporé dans ce sermon fut la tentative pour transférer le concept du royaume des cieux dans l’idéal de l’idée de faire la volonté de Dieu. Depuis longtemps, le Maitre avait appris à ses disciples à prier : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ». À cette époque, il chercha sérieusement à leur abandonner l’emploi de l’expression, royaume de Dieu, en faveur d’un équivalent plus pratique, la volonté de Dieu, mais il n’y parvint pas. Jésus désirait substituer à l’idée de royaume, de roi et de sujets, le concept de la famille céleste, du Père céleste et des fils de Dieu libérés, engagés dans un service joyeux et volontaire en faveur de leurs semblables humains et dans l’adoration sublime et intelligente de Dieu le Père. [Fascicule 170:2.12, page 1860:7]

Nous sommes, aujourd’hui, les héritiers de ces conceptions et par conséquent, il peut être difficile d’accepter l’idée que le Père céleste puisse servir sa création. Mais posons-nous la question : qu’y a-t-il de si humiliant dans le service pour penser que Dieu ne puisse s’y adonner? Il n’y a absolument rien d’humiliant dans le fait de servir! Seule la vision déformée de notre société moderne peut nous faire croire à cette idée. En effet, beaucoup de gens, aujourd’hui, semblent voir dans le service, une certaine forme d’humiliation. La vision de notre société est aux antipodes de celle du Maître qui consacra sa vie entière au service de l’humanité. Dans son discours sur le royaume des cieux, Jésus nous dit que:

…pour être grands dans le royaume de son Père, nous devons devenir le serviteur de tous [Fascicule 137:8.11, page 1536:8]

C’est le service qui nous permet d’être grands. Il nous appartient donc de changer notre façon de voir en réévaluant la valeur du service à la lumière de la 5e révélation.

Dans le monde spirituel, il n’y a rien qui ressemble à un travail servile. Tout service est sacré et passionnant, et les êtres d’ordre supérieur ne dédaignent pas les ordres inférieurs d’existence. [Fascicule 25:1.1, page 273:10]

Notre époque est caractérisée par l’enrichissement matériel au profit des gains spirituels. Dans une société où l’on doit constamment travailler pour surconsommer, on a moins de temps à consacrer au service de la famille divine. Entendez-moi bien, je n’ai rien contre la production de richesses pourvu qu’elle ne supplante pas la recherche de Dieu et le service de la confraternité spirituelle. Chez certains, la passion du service est totalement inexistante et les buts sont devenus purement monétaires. On travaille plus pour s’enrichir que pour améliorer les choses. Eh  bien, je crois que le service… c’est le contraire ! On travaille en premier lieu pour améliorer les choses et ensuite pour subvenir à nos besoins. En réalité, le service est un état d’esprit ou l’on fait les choses afin d’améliorer les conditions de notre entourage et de se perfectionner soi-même. Pour les gens qui sont investis de l’esprit du service, la rétribution monétaire devient quelque chose de secondaire.

Conclusion

Nous venons d’explorer certaines facettes du service. Nous avons vu que celui-ci est l’expression de l’amour que nous portons à Dieu et à nos semblables. Il est une prédisposition bienveillante qui s’inscrit dans les gestes concrets de la vie quotidienne. C’est avant tout notre attitude de disponibilité et d’ouverture aux autres qui détermine si nous sommes au service de nos frères et sœurs. Par la suite, nous avons abordé l’idée que le Père céleste est au service de sa création. Si nous voulons lui ressembler, comme il nous l’a demandé, nous devons nous aussi nous mettre au service les uns des autres.  Nous avons aussi réfléchi sur la conception du service dans notre société moderne. Celle-ci est en flagrante contradiction avec l’esprit du service tel que Jésus l’a vécu et enseigné alors qu’il était incarné sur notre monde. Il est important de prendre conscience de l’importance du service dans notre ascension et de lui redonner ses lettres de noblesse. Le service est avant tout l’expression de l’amour, un amour si grand qu’il va jusqu’à donner sa vie pour ses amis. Jésus, lui, la donna même à ses ennemis. Le service suprême, tel qu’il l’a vécu, c’est le don total de soi à quelque chose de plus grand que soi.

Sur des millions de mondes habités, des dizaines de billions de créatures évoluantes auraient pu être tentées de renoncer à la lutte morale et d’abandonner le bon combat de la foi. Elles ont jeté un nouveau regard sur Jésus crucifié, puis ont repris leur chemin en avant, inspirées par la vue de Dieu abandonnant sa vie incarnée par dévotion au service désintéressé des hommes.  [Fascicule 188:5.5, page 2018:4]

En tout dernier lieu, j’aimerais vous partager un texte qui a servi pour une activité d’adoration dirigée faite pour le compte d’un groupe de lecteur du livre d’Urantia à Québec. Il porte sur la beauté du service.

La beauté du service

Je veux te remercier, Père céleste, pour ce discours d’inauguration du Royaume que Jésus nous a légué, il y a deux mille ans. De ce discours, je me souviens d’une phrase toute particulière.

Dans le royaume des cieux, il n’y aura ni Juifs, ni Gentils, mais seulement ceux qui cherchent la perfection en servant. Car je déclare que quiconque veut être grand dans le royaume des cieux doit d’abord devenir le serviteur de tous.  [Fascicule 137:8.11, page 1536:8]

Tu es grand, Père, car tu es au service de ta création. Les ajusteurs de pensée sont un exemple de ce service, lorsqu’ils travaillent à créer notre âme survivante en collaboration avec notre mental humain, lorsqu’ils dirigent nos pas terrestres sur le chemin de l’éternité, dans le respect de notre volonté, alors que nous vivons encore notre vie incarnée. Ces êtres majestueux descendent de ta demeure divine pour habiter la pensée des créatures matérielles et imparfaites. Dans le cas de notre planète, Urantia, sphère infortunée et brisée par la rébellion, ce service prend une dimension d’autant plus touchante et remarquable.

Tu mets à notre service un nombre incroyable de personnalités pour nous aider sur le chemin qui mène vers toi ou pour nous secourir dans les moments de grande détresse. Je pense aux Melchizédeks, et à bien d’autres personnalités spirituelles qui furent envoyés dans cette partie de l’univers, lors de la rébellion pour redresser la situation périlleuse de notre planète. Mais, pour moi, l’image la plus belle et la plus frappante, la plus saisissante est celle de ton fils incarné dans la forme de Jésus de Nazareth, au dernier souper, alors qu’accroupi pour laver les pieds de ses disciples, il nous donna cette magnifique et stupéfiante leçon sur la nécessité et la beauté du service. Ce n’était pas seulement Jésus de Nazareth ou Micael de Nébadon qui nous enseignaient cette leçon, mais c’était toi, aussi, notre Père céleste; le Fils n’est-il pas l’expression du Père? En te regardant agir, je ne peux plus nier l’importance du service auprès de mes frères incarnés. C’est aussi par le service que l’on devient parfait comme toi, tu es parfait. Il est vrai que lorsque l’on accomplit le service élevé du royaume des cieux, on se met vraiment à te ressembler. Oui, tu es bien au service de ta création; le travail des ajusteurs de pensée pour l’âme humaine en est un exemple frappant.

Je suis fasciné par le respect que ces entités portent à notre libre arbitre, malgré le mauvais usage que nous pouvons en faire. Tu es un Dieu qui n’a pas froid aux yeux, tu es un Dieu qui aime le défi, car tu as décidé de nous piloter à travers les dédales de notre vie matérielle, limitant ton action et nous donnant, par là même, la liberté de te refuser. Malgré nos entêtements et nos égarements, tu es toujours présent par amour pour nous. Quelle humilité que celle d’un Dieu aussi puissant se soumettant à la volonté souveraine de la personnalité humaine.

Combien ton plan est majestueux, Père. Que d’intelligence dans cette façon de transformer les erreurs et les fautes de tes créatures en opportunités. Je pense aux agodontaires, ces êtres qui te sont demeuré fidèles et loyaux lors des rébellions qui se produisent parfois dans ton univers. Ils peuvent croire sans voir, persévérer dans l’isolement et triompher de difficultés insurmontables, même lorsqu’ils sont seuls. Ainsi, à partir d’apparentes catastrophes, tu transformes la laideur en beauté, et de nos erreurs,  tu fais naître la vérité.

Je suis inspiré par la patience dont tu fais preuve dans tout le processus d’évolution des créatures. Je suis convaincu et heureux à la pensée que toute cette patience, tout cet amour, tous ces efforts, tout ce service porteront ses fruits et seront couronnés par une relation éternelle entre toi et chacun d’entre nous, une relation dont les liens seront inaltérables et indestructibles, une fusion de nos natures si complète, si parfaite que ni l’humain, ni l’ajusteur ne pourront plus jamais être discernés l’un de l’autre. Tout comme toi, mon Père céleste, j’attends ce jour avec une expectative grandissante.